Message de Jean-Marc Jancovici, président du think tank The Shift Project et fondateur de Carbone 4
Bonjour à toutes et à tous,
J’ai eu le plaisir de partager avec vous la soirée du 23 mars dernier à Lyon, et l’honneur d’y intervenir sur la « rupture écologique ». Cette soirée m’a rappelé que le CJD rassemble toujours avec autant de ferveur des jeunes patrons et patronnes engagé.e.s et humanistes.
Vous vous attelez à construire un avenir économique désirable pour la France et le continent européen. J’aimerais donc porter à votre connaissance une initiative qui concerne le changement climatique et l’incontournable rapport de l’Homme au « vaisseau Terre » qu’il habite : le problème majeur de notre siècle, et le plus grand défi auquel l’humanité industrielle ait jamais eu à faire face.
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Le « Manifeste pour décarboner l’Europe » appelle à rien de moins qu’à inventer l’Europe post-carbone. Je suis né au milieu des 30 glorieuses, et le Manifeste est à ce jour signé par de nombreux responsables économiques de ma génération. On retiendra sans doute de ma génération que c’est elle qui aura donné l’alerte. Et, en cas de succès, l’Histoire retiendra de la vôtre que vous aurez arrêté l’incendie – réinventant ce faisant profondément notre économie et notre société.
Le Manifeste, qui est un « wake-up call », est adossé à 9 propositions sectorielles qui ont été élaborées collectivement au sein du think tank The Shift Project que je préside, et qui constituent un appel à ouvrir autant de chantiers. Celles-ci, bien qu’elles n’engagent nullement les signataires du « Manifeste pour décarboner l’Europe », permettent de prendre la mesure de l’enjeu.
Tout est disponible sur le site www.decarbonizeurope.org, et voici ci-dessous sans plus attendre le texte du Manifeste que vous pouvez signer en ligne : participerez-vous au mouvement ?
Avec mes meilleurs sentiments,
Jean-Marc Jancovici
MANIFESTE POUR DÉCARBONER l’EUROPE
Nous, signataires du présent manifeste pour décarboner l’Europe, appelons les États européens à lancer dès maintenant les politiques capables d’aboutir en 2050 à des émissions de gaz à effet de serre aussi proches que possible de zéro !
L’Accord de Paris sur le climat engage l’Europe à réinventer la totalité de son économie. Tout ou presque reste à faire. Le défi met en jeu chacune des activités essentielles encore dépendantes des énergies fossiles : l’industrie et la production électrique, les transports, le bâtiment, l’agriculture, et de manière indirecte la finance, l’assurance et les politiques publiques.
L’Europe a vu naître la première révolution industrielle, celle du charbon et des hydrocarbures. Depuis, l’humanité a brûlé en 150 ans près de la moitié du pétrole que la nature a mis un demi-milliard d’années à créer. Il faut choisir d’urgence le chemin capable de conduire au-delà de ces sources d’énergie tarissables, qui sont en train de dégrader le climat de façon irréparable.
L’Europe se doit d’ouvrir la voie de la prochaine révolution industrielle, celle de la sortie des énergies fossiles. Elle a tout à y gagner. Le projet européen s’est construit après 1945 autour du charbon et de l’acier. Il peut maintenant se régénérer pour donner naissance à un monde nouveau, prospère et durable. Un monde de paix.
Inventons ensemble l’Europe post-carbone. Cette invention est le souffle neuf dont l’Europe a besoin, et qu’elle peut offrir au monde pour empêcher la ruine des conditions de vie sur Terre.
Nous appelons tous les acteurs de l’Europe – individus, société civile, compagnies privées, pouvoirs publics – à entreprendre au plus vite les actions cohérentes et concrètes à la mesure du défi du climat et de la préservation des ressources naturelles. L’Union européenne peut et doit impérativement se donner les moyens de converger vers l’ambitieux objectif vital que fixe l’Accord de Paris. Pour réussir, il lui faut se rassembler autour de cet objectif commun, en respectant en son sein les différences génératrices de solidarité et de synergies. La raison, la liberté et l’audace, racines de l’Europe, feront fructifier ce projet sans précédent.
Les solutions techniques et organisationnelles sont là. Il ne tient qu’à la volonté des Européens de les transformer en réponses politiques, capables de donner rapidement naissance à une économie différente, source de profits, d’emplois et de bien-être nouveaux. Nous prenons acte que ces réponses réclament de changer bon nombre d’habitudes : habitudes de production, habitudes de consommation, habitudes de penser surtout.
Allons-nous renoncer parce que la tâche qui nous revient est immense ?
Nous avons le devoir moral d’agir. Nous en avons aussi l’ambition.
Une fois encore, l’Europe a rendez-vous avec l’Histoire. Le défi est redoutable, tant mieux : anticiper l’inexorable, c’est triompher de l’avenir. L’ampleur de l’entreprise égale tout ce que l’Europe a accompli depuis sa création. Cette entreprise, c’est la voie de la modernité.
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